Du milieu à l'umwelt : enjeux d'un changement terminologique

De ALFA
Aller à : navigation, rechercher
DU MILIEU À L'UMWELT
ENJEUX D'UN CHANGEMENT TERMINOLOGIQUE

Wolf Feuerhahn
Presses Universitaires de France | « Revue philosophique de la France et de l'étranger »
© Presses Universitaires de France. Tous droits réservés pour tous pays.


Les scientifiques revendiquent l’absence de relativité de leur propos, mais énoncent leurs résultats dans des discours où s’entremêlent de façon singulière langue naturelle et langage formel. Ce paradoxe qu’explorent les historiens des sciences se manifeste particulièrement lorsqu’on s’intéresse à la circulation internationale des savoirs. L’épaisseur symbolique des concepts apparaît d’autant plus que les vocables employés sont divers et que – pour parler comme Ferdinand de Saussure – leur « valeur » est indissociable des systèmes linguistiques dans lesquels ils sont inscrits. La question est de savoir si l’on peut négliger ce fait ou s’il est partie prenante de la signification du concept. Premier concerné par cette question qu’il ne peut esquiver, le traducteur d’œuvres scientifiques doit-il chercher un équivalent, créer un néologisme ou laisser le concept dans sa langue originale au prix d’une note de bas de page explicative ? L’objectif n’est pas ici de défendre une théorie de la traductibilité ou de la non-traductibilité des concepts scientifiques, mais de comprendre la genèse du concept allemand d’Umwelt et de déterminer s’il est un simple équivalent d’un mot étranger ou s’il présente un sens spécifique.

_________________________________


À lire la reconstitution de l’histoire de la notion de milieu proposée par Georges Canguilhem[1] , on est amené à penser que le concept d’Umwelt oscille entre le statut d’ « intraduisible »[2] et celui d’équivalent de « milieu ».

Lorsqu’il parle de l’apport, à la question qui l’occupe, de l’Umwelt théorisé par Jakob von Uexküll, Canguilhem tantôt emploie en effet sa version originale allemande, tantôt traduit ce concept par le terme de « milieu »[3]. La question est loin d’être anecdotique, puisque les travaux d’Uexküll jouent, selon Canguilhem, un rôle central dans le « renversement » des rapports entre l’organisme et le milieu : « La théorie du milieu a d’abord été la traduction positive de la fable condillacienne de la statue. Dans l’odeur de la rose, la statue est odeur de rose. Le vivant [...] répond par des contractions musculaires à des excitations sensorielles » ; mais cette théorie a, pour Canguilhem, fait disparaître la spécificité du vivant et l’a ravalé au rang d’objet[4]. La portée de la théorie d’Uexküll réside, au contraire, dans le fait d’avoir redonné sa spécificité au vivant, d’avoir mis en évidence que « le propre du vivant, c’est de se faire son milieu, de se composer un milieu »[5]. L’ampleur du retournement invite à interroger de plus près les concepts de milieu et d’Umwelt et de tenter de voir quels enjeux cache le choix de l’un ou l’autre des termes.

La notion d’Umwelt fait son apparition dans la langue scientifique allemande d’abord sous la plume du géographe Friedrich Ratzel (1844-1904) en 1899, puis quelques années plus tard, en 1909, sous celle du biologiste et éthologue Jakob von Uexküll (1864-1944)[6]. Son usage, rare bien qu’attesté depuis le début du XIXe siècle, était auparavant limité à des textes littéraires[7]

À première vue, Umwelt semble une simple traduction de la notion de « milieu ». En effet, dans la deuxième édition du premier volume de son Anthropogéographie (1899), F. Ratzel commence par analyser le développement des idées relatives à l’influence des conditions naturelles sur l’humanité et, après avoir rappelé les perspectives qui se sont succédé de l’Antiquité jusqu’à Herder, consacre quelques pages à ce qu’il intitule « l’Umwelt »[8]. Or ce qu’il désigne par là correspond aux théories françaises du « milieu » qu’il lit chez Lamarck, Comte et Taine pour l’essentiel. Dans ce sous-chapitre, le terme de « milieu » est d’ailleurs davantage utilisé que celui d’Umwelt ; surtout il est employé comme un substantif allemand, la plupart du temps sans guillemets et avec une majuscule.

On ne peut qu’être surpris de remarquer que, huit années plus tard, en 1907, dans « Les contours d’une vision du monde qui vient »[9] , le texte que l’on considère comme le manifeste de sa théorie de l’Umwelt, Uexküll utilise le terme de « Milieu », ici aussi germanisé, là où, de nos jours, l’on attendrait celui d’Umwelt [10]. La première conclusion qui vient à l’esprit consiste à penser qu’Umwelt est bien l’équivalent allemand de la notion française de « milieu », que les textes cités datent d’une période où l’équivalence s’établit et que donc les auteurs allemands qui s’inspirent des textes français utilisent aussi bien un terme que l’autre.

Pourtant, à y regarder de plus près, les choses ne sont peut-être pas tout à fait aussi simples. Lorsque Uexküll republie en 1913 cet article dans un recueil, il remplace le terme de Milieu tantôt par celui d’Umwelt, tantôt par celui de Merkwelt [11]. Par-delà la différence entre Umwelt et Merkwelt, sur laquelle nous reviendrons plus loin, ce qu’il importe de noter ici est que Uexküll fait l’effort de modifier son texte. Il est ainsi certes cohérent avec lui-même, puisque, dès 1909 et 1910, le terme d’Umwelt s’est imposé dans ses travaux au détriment de celui de Milieu[12]. Mais il apparaît que ces modifications ne relèvent pas seulement de l’application d’un principe d’harmonisation, mais d’une véritable « vision du monde » comme le dit Uexküll lui-même.

La « vision du monde » de Jakob von Uexküll

En 1907, à l’époque où il publie « Les contours d’une vision du monde qui vient », Uexküll n’est pas un nouveau venu dans le monde des biologistes. Il a quarante-trois ans et est déjà célèbre pour toute une série de travaux de physiologie du réflexe réalisés en commun avec Wilhelm Kühne (1837-1900), ou inspirés de celui-ci, lui-même disciple de Hans Helmholtz et défenseur du mécanisme.

Mais, par cet article, Uexküll veut manifester haut et fort sa rupture avec les courants dominants de la biologie de l’époque auxquels il a contribué lorsqu’il travaillait avec W. Kühne. Le choix d’une revue s’adressant au grand public, davantage habituée à accueillir les contributions d’artistes ou d’essayistes que de scientifiques[13] , et le fait de présenter sa théorie comme une nouvelle « vision du monde » en témoignent. Ce dernier intitulé n’était pas innocent de la part d’un scientifique ayant élu domicile à Heidelberg. En effet, entre 1890 et 1920, cette université était un haut lieu du néo-kantisme allemand, dont les défenseurs faisaient de l’opposition entre la « science », qui se contente de chercher à expliquer ce qui est, et les « visions du monde », qui énoncent ce qui doit être, un principe cardinal de la pensée, et rejetaient toutes les formes de confusion entre ces deux registres. Dans ce cadre, présenter un programme scientifique comme une « vision du monde » n’avait rien d’anodin.

La cible visée par Uexküll dans son article explique, pour une bonne part, la spécificité de son entreprise. Uexküll veut y contrer le monisme de Ernst Haeckel, dont il constate qu’il « gagne sans cesse davantage de terrain »[14]. De nos jours, on ne se rappelle plus guère le fort impact qu’eut ce courant de pensée. Mais le bréviaire de Haeckel, Die Welträthsel, publié en 1899[15] , fut un véritable bestseller : il en était déjà à sa 7e édition en 1901 et atteignit 340 000 exemplaires vendus en 1918. Ce succès était précisément dû au fait que le monisme prétendait être plus qu’une simple théorie scientifique, un « lien entre science et religion », pour reprendre les termes de Haeckel lui-même[16]. Opposé à toute forme de dualisme, Haeckel voulait tirer toutes les conséquences du darwinisme et affirmait la continuité et l’unité de la nature organique et inorganique, de la substance et de la force, du monde et de Dieu. Loin d’être un athéisme, le monisme de Haeckel se présentait comme un panthéisme défenseur d’une religion naturelle. D’ailleurs le Deutscher Monistenbund fondé par Haeckel en 1906 organisait des « prêches monistes » le dimanche (monistische Sonntagspredigten), une manière de réaliser le lien recherché entre science et religion[17].

Uexküll pense manifestement que le seul moyen de contrer ce mouvement de grande ampleur est de défendre une nouvelle vision du monde et non pas, comme la plupart des professeurs de Heidelberg, de se contenter de lutter contre la confusion entre science et vision du monde[18]. Uexküll reproche d’abord au monisme haeckelien son incohérence : « Dans tous ses raisonnements, il se situe sur le terrain matérialiste sans exprimer directement la thèse matérialiste selon laquelle l’esprit serait le produit de la matière. »[19] Cette thèse, longtemps considérée comme indéfendable, aurait trouvé dans le darwinisme un nouvel avocat. En ramenant le délicat problème de la finalité des organismes à deux facteurs mécaniques : la lutte pour la survie et la variabilité du plasma germinatif, ce courant de pensée aurait fait sauter le dernier obstacle au développement du monisme matérialiste. Uexküll ne conteste pas que le plasma germinatif soit l’essence de l’individu à venir, mais il récuse que cette essence se réduise à un simple mélange de matières (Stoffmischung). Raisonnant par analogie, Uexküll dénonce l’aberration qu’il y aurait à considérer l’ensemble des morceaux épars d’une machine à vapeur comme son essence. Celle-ci ne réside pas, selon lui, dans la matière de la machine, mais dans le plan d’ordonnancement de ses parties. Ainsi, de même que l’animal, le plasma germinatif est, pour lui, un être organique qui possède sa finalité, et c’est pourquoi « il est impossible d’expliquer la finalité des êtres vivants à partir de forces matérielles » comme le prétendait Darwin[20].

Cette lutte contre le darwinisme, et en particulier contre le monisme haeckelien, est manifestement inséparable de prises de position conservatrices sur les plans politique et social. Le développement des grandes villes est, pour Uexküll, responsable de la perte d’un rapport intime de l’homme avec la nature, seul à même de faire prendre conscience de l’irréductibilité de la vie à des phénomènes mécaniques. Le matérialisme serait donc un enfant du développement moderne[21]. Uexküll se veut aussi le défenseur de l’autonomie du Vrai, du Beau et du Bien qui, lorsqu’ils sont considérés comme entièrement dépendants du monde matériel, ne sont plus qu’une « farce risible »[22]. C’est pourquoi le « haeckelisme [...] n’est, quant à sa véritable essence, rien d’autre qu’un prêche contre la formation [Bildung]. Si l’on comprend par “formation” [23] le façonnement planifié d’une personnalité et non pas l’empilement de savoir »[24]. Quand l’on sait le rôle central du concept de Bildung, compris comme l’actualisation de la perfectibilité humaine, dans le cadre du néo-humanisme prussien et de la fondation de l’Université de Berlin sous l’égide de Wilhelm von Humboldt ; quand on sait en outre combien ce concept eut un rôle fédérateur dans l’Allemagne du XIXe siècle, accuser le monisme d’y porter atteinte revenait à affirmer qu’il remettait en cause ce qui était devenu un véritable habitus national : le Bildungsbürger [25]. Dans un pays dont l’unité fut d’abord culturelle avant d’être politique, le « citoyen formé » a longtemps été un modèle. Bien loin d’être seulement scientifique, l’enjeu de l’article de Uexküll est donc civilisationnel, à en croire son auteur lui-même. Avec ce type d’argumentation, bien qu’il n’ait pas trouvé de place à l’Université, ce dernier reprenait là un topos des « mandarins allemands » du début du XXe siècle, qui remobilisaient la notion néo-humaniste de Bildung contre une conception purement additive des savoirs et une représentation strictement utilitaire de l’enseignement[26]. Le conservatisme d’Uexküll ne s’arrête pas à ce néo-idéalisme universitaire. Uexküll dénonce aussi l’implication politique de l’emprise du matérialisme sur la Versammlung deutscher Naturforscher und Ärzte (Association des chercheurs en sciences de la nature et des médecins allemands). Le discours d’un de ses membres, le chimiste Albert Ladenburg (18421911)[27] , comprenant le suffrage universel comme l’expression de la liberté[28] , serait, selon Uexküll, un témoignage de ces conséquences politiques du matérialisme. Alors que Ostwald, président du Monistenbund à partir de 1910, ne niait pas ses proximités avec les mouvements de gauche, Uexküll ne cessa de manifester publiquement son opposition à la démocratie[29].

Il s’agit, pour Uexküll, de remettre en cause « cette doctrine par laquelle la grande masse a perdu la représentation que chaque homme est une unité planifiée et harmonieuse »[30]. Selon lui, la réintroduction d’un point de vue vitaliste en biologie ne relève pas d’un simple débat de spécialistes, elle engage l’avenir de la culture. Pour défendre le vitalisme, Uexküll s’appuie sur ce qu’il considère comme le tournant idéaliste préparé par les physiciens. En remettant en cause l’existence objective des qualités (couleurs, sons, odeurs), ceux-ci incitent à se demander comment elles apparaissent malgré tout de manière subjective. Le biologiste prend alors le relais et montre qu’on ne peut rendre compte de ce phénomène qu’à condition de postuler l’existence de sujets. Il y a une différence entre le sujet et le monde extérieur, les forces du monde extérieur n’agissent pas sur les animaux de la même manière que sur les réalités inertes ; « l’animal opère une sélection parmi les effets des forces du monde extérieur »[31] , il est actif. Les organes sensoriels ne sont pas de simples récepteurs, ils sélectionnent les excitations du monde extérieur d’une façon qui leur est propre. Tous les organes sensoriels d’un même animal isolent un extrait (Ausschnitt) déterminé du monde extérieur. C’est précisément ce corrélat de l’activité sélective de la perception animale que Uexküll nomme en 1907 le « milieu » de l’espèce observée :

« Cet extrait du monde extérieur qui est différent pour chaque animal et qui lui est propre, on le nomme son milieu. »[32] Le milieu n’est pas universellement partagé, il est irréductible à chaque espèce, et cette notion permet à Uexküll de s’opposer très nettement à l’idéal réductionniste du monisme. Uexküll justifie d’ailleurs sa définition perspectiviste du « milieu » en s’appuyant sur la théorie de « l’énergie spécifique des nerfs » du dernier grand vitaliste de l’Université allemande, Johannes von Müller (18011858) : la transmission, par des nerfs distincts, des excitations du monde extérieur sélectionnées par une espèce animale explique la spécificité de la sensation ressentie[33]. Mais le milieu n’est pas une création subjective de l’animal, il est le corrélat de l’organisation sensorielle de l’espèce à laquelle l’animal appartient. Le milieu ainsi constitué de chaque animal entretient, pour Uexküll, un rapport de finalité avec toutes les aptitudes de l’animal concerné. Cette nouvelle biologie que Uexküll appelle de ses vœux a précisément pour fonction d’étudier les relations finales et harmonieuses entre toutes les parties d’un organisme vivant[34].

La théorie de Uexküll ne concerne pas moins l’homme que l’animal. Comme l’animal, l’homme a un « milieu normal », dont l’horizon est rarement éloigné de plus de six heures de marche à pied, de telle sorte à pouvoir être arpenté sans avoir à dormir à l’étranger : ce n’est autre... que sa terre natale (Heimat). De là naît le sentiment finaliste de l’homme « qu’il est là pour le monde et que le monde est là pour lui »[35]. Un sentiment qu’il a cependant récemment commencé à mettre en doute sous l’effet tardif de sa remise en cause du géocentrisme. Cela a, en effet, impliqué un changement radical de point de vue qui semble difficilement compatible avec la spécificité de la vie humaine : « Au lieu de considérer les astres du point de vue humain, on considère l’homme du point de vue des astres. »[36] Pour Uexküll, le géocentrisme entraîne que l’on fasse comme si l’homme avait d’immenses téléscopes à la place des yeux, comme si sa vie était beaucoup plus longue : « Nous brisons la finalité naturelle de notre organisme et nous nous brouillons par là avec notre milieu »[37]. Enfin, la vie urbaine moderne est responsable de l’appauvrissement de notre milieu au point que nous pouvons encore nous réjouir lorsque nous sommes capables de distinguer un arbre d’un arbuste.

La biologie subjective qu’Uexküll cherche à promouvoir et qui, comme théorie des qualités, explore les relations de chaque espèce avec son milieu[38] , prend tout son sens si on la comprend dans le cadre de sa critique de la modernité. Car sa nouvelle vision du monde, loin de se contenter d’être une science de l’animal dans son milieu de vie, concerne, au premier chef, l’homme cultivé dont le rapport à son « milieu normal » dégénère. Elle débouche donc sur une interrogation relative à la conduite de l’existence. Le rapport intime à la nature est, pour Uexküll, la norme à l’aune de laquelle il s’agit de juger des conduites humaines. Et à une époque où la pratique sportive se développe, seule celle qui permet à l’homme de retrouver un contact intime avec la nature trouve grâce à ses yeux[39].

Les hésitations de Uexküll : Milieu, Umwelt, Merkwelt

Uexküll place explicitement sa biologie subjective sous le patronage kantien[40]. Au matérialisme de Haeckel, il oppose l’idéalisme. Contre l’explication déterministe des êtres vivants, il affirme que le vivant est irréductible à l’inerte et que cela tient à la sélection opérée par chaque espèce au sein des excitations venues du monde extérieur et, par là, à la construction de son « milieu » propre. La dimension perspectiviste, propre et finale de la notion de « milieu » est donc explicite dans ce texte de 1907. Or, dès son livre de 1909, Umwelt und Innenwelt der Tiere, puis dans l’article de 1910 intitulé « Die Umwelt », Uexküll nomme Umwelt ce qu’il nommait encore deux années auparavant Milieu. Par chance, il revient peu de temps après, en 1912, sur ces changements de vocabulaire et précise :

« J’ai tenté d’introduire le mot d’Umwelt pour désigner ce monde qui est le produit de l’organisme [Uexküll cite en note son ouvrage de 1909]. Le mot a acquis droit de cité – mais pas le concept. On emploie maintenant le mot d’Umwelt pour désigner l’environnement (Umgebung) spécifique d’un être vivant au même sens qu’on employait autrefois le mot de Milieu. Ainsi son sens propre a-t-il été perdu. »[41] Nous avons là la preuve que le passage de Milieu à Umwelt n’est pas une simple question d’harmonisation, les concepts auxquels renvoient ces deux termes sont manifestement très différents aux yeux de Uexküll et le respect de cette distinction engage la compréhension de sa théorie. Si le premier désigne ce qui se situe autour d’un être vivant – c’est ce que signifie le terme d’Umgebung –, le deuxième renvoie explicitement à la théorie de Uexküll et à l’idée selon laquelle chaque espèce animale élabore un monde qui lui est propre en sélectionnant certaines excitations qu’elle reçoit du monde extérieur.

Uexküll préfère ainsi renoncer à la notion d’Umwelt, qui connaissait déjà du succès, pour ne pas sacrifier son propos théorique, et il remplace Umwelt par Merkwelt ( « monde caractéristique » ). Il justifie ce choix terminologique en disant qu’ « il existe pour chaque animal un monde particulier qui se compose des caractéristiques du monde extérieur qu’il a prélevées »[42]. Ce « monde caractéristique » qui est relatif à l’organisation des organes sensoriels et du système nerveux central des animaux est lié à une deuxième notion : il est articulé au « monde de l’action » (Wirkungswelt) qui regroupe « les objets auxquels sont adaptés les outils en vue de la nutrition et du déplacement des animaux »[43]. Ainsi des feuilles pour la chenille. L’erreur est de réduire l’Umwelt à ce Wirkungswelt. Car le dénombrement des objets constitutifs de ce monde de l’action n’est pas l’objet proprement nouveau de l’approche de Uexküll. Uexküll n’exclut certes pas que l’on conserve le terme d’Umwelt pour regrouper le Merkwelt et le Wirkungswelt, mais à condition que l’on sache que c’est l’organisme animal qui fait le lien entre les deux[44].

Cette série de remarques terminologiques qui date de 1912 explique que, lorsque Uexküll décide l’année suivante de republier son article programmatique de 1907, il remplace Milieu tantôt par Umwelt, tantôt par Merkwelt [45]. À terme, pourtant, Merkwelt ne s’imposera pas et Uexküll reviendra vite à la notion d’Umwelt. Mais, s’il est un point sur lequel il ne reviendra pas, c’est sur son rejet de la notion de Milieu.

Ratzel et la théorie française du « milieu »

Pour tenter d’élucider le sens accordé, à l’époque, à la notion de Milieu en allemand et les raisons de son rejet par Uexküll, il est utile d’opérer un retour à Friedrich Ratzel qui, une dizaine d’années auparavant, avait, le premier, introduit la notion d’Umwelt dans la langue scientifique allemande. Dès 1882[46] , Ratzel fonde en effet une géographie humaine qu’il nomme Anthropogeographie et dont le postulat central est que la religion, la science ou même la poésie sont, pour une bonne part, des reflets de la nature dans l’esprit de l’homme[47]. La part du déterminisme naturel est donc d’emblée importante[48].

Si la notion d’Umwelt n’est pas présente dans cette première édition de l’Anthropogeographie, elle le sera dans la seconde, largement remaniée et publiée en 1899. Or deux éléments apparaissent à la lecture de la section intitulée « Umwelt »[49] : d’une part, Ratzel y emploie les termes allemands Umwelt et Milieu ; d’autre part, ces termes renvoient explicitement à des théories bien déterminées, des théories d’origine française[50] :

« La théorie de la détermination naturelle de la vie des peuples trouva un usage spécifique et étendu dans l’école philosophique française des positivistes. Certes, elle ne connut pas chez eux d’accélération essentielle, mais à partir de là beaucoup de choses se produisirent qui contribuèrent à son extension. Des penseurs influencés par cette école, tels que Taine, Buckle, Spencer, ont contribué à ce que ces pensées ne restent pas un luxe que s’accordent certains esprits avancés, mais soient familières de cercles plus larges et pénètrent en particulier l’appréhension de l’histoire des peuples. »[51] Ratzel ne considère manifestement pas que les contributions théoriques de ces auteurs ont été importantes. Il est même très critique vis-à-vis d’elles. Mais il prend acte du fait qu’elles ont popularisé une nouvelle approche de l’histoire de la diversité humaine. Or, parmi ces théories, c’est, selon lui, celle qu’il nomme la « théorie du milieu de Comte et de Taine »[52] qui occupe une place centrale. C’est d’ailleurs surtout à elle qu’il se confronte. Ainsi accuse-t-il Taine d’avoir défendu un traitement « plus artistique que scientifique » de la détermination naturelle de la vie des peuples[53]. Surtout, même si Comte avait déjà parlé d’un « milieu intellectuel », « son élève Taine » ne l’a pas clarifié pour autant : en en proposant une appréhension encore plus large, incluant les conditions naturelles et sociales, il en a fait un « concept beaucoup trop bariolé », inutilisable pour la science[54]. Enfin, appliquée à la géographie, cette théorie du milieu n’apporte, selon Ratzel, rien de nouveau. Elle réduit les influences de l’environnement à celles qui sont liées à la position d’un pays par rapport au soleil et ne prend pas en compte, ce qui est central pour Ratzel, le voisinage (Nachbarlage) ni les effets à long terme de l’espace. Ainsi Taine ferait-il preuve d’incohérence : dans sa fameuse préface à l’Histoire de la littérature anglaise, il affirme que c’est parce que « l’homme n’est pas seul dans le monde ; la nature l’enveloppe et les autres hommes l’entourent »[55] que le milieu est, après la race et avant le moment, une « force primordiale » constitutive de l’état moral élémentaire d’un peuple. Pourtant, dans ses analyses, il ne s’intéresse pas à l’interaction entre les peuples, mais seulement à la « différence des contrées » où ils se sont établis[56]. C’est pourquoi Ratzel ne considère pas la théorie du milieu de Comte et de Taine[57] comme scientifique.

Toutefois, en consacrant toute une section de son chapitre méthodologique à la discussion serrée de cette théorie, Ratzel témoigne de l’importance qu’ont alors acquise ces théories du milieu. À lire Ratzel, elles paraissent monopoliser le sens du concept de milieu à l’époque. Les travaux lexicographiques s’accordent en effet pour confirmer que le concept allemand de Milieu qui s’est très rapidement répandu à partir des années 1870 était le porte-drapeau de la théorie de Taine et qu’il a, à ce titre, suscité de vives controverses[58]. De nos jours, on a peine à imaginer l’importance du transfert des théories de Taine dans l’Allemagne du dernier quart du XIXe siècle. La première traduction d’une de ses œuvres date de 1866, à peine un an après la parution de l’édition française : il s’agit de La philosophie de l’art[59] dans laquelle il affirme que « les productions de l’esprit humain, comme celles de la nature vivante, ne s’expliquent que par leur milieu » et expose de façon détaillée l’action des milieux sur la production des œuvres d’art[60]. Ainsi la pensée de Taine a-t-elle été d’emblée associée en Allemagne à la notion de « milieu », elle-même comprise de façon fortement déterministe. La multiplication des traductions lors des années suivantes[61] ainsi que celle de la série des Rougon-Macquart de Zola, perçue en Allemagne comme l’application littéraire de la théorie tainienne du milieu, confortèrent une telle association. De façon générale, sa préface à l’Histoire de la littérature anglaise ainsi que sa Philosophie de l’art garantirent le succès de cette notion largement au-delà des cercles philosophiques et scientifiques[62]. Un succès dont Nietzsche est un bon témoin pour les années 1880 : « Actuellement la théorie du milieu est le plus à ses aises : tout exerce de l’influence, le résultat en est l’homme lui-même. »[63] Reprendre le terme de « milieu » à l’époque est donc loin d’être anodin, c’est d’une certaine façon marquer son accord avec les postulats de Taine. Voilà peut-être ce qui explique que Ratzel n’intitule pas la section de son Anthropogéographie « Das Milieu », mais « Die Umwelt » et qu’il y réserve le plus souvent le terme de Milieu pour désigner uniquement « la théorie de Comte et Taine ». Il cherchait sans doute ainsi à se démarquer de cette dernière. Cette hypothèse semble confortée si l’on se réfère aux lectures qui ont conduit Ratzel à employer le terme d’Umwelt de façon de plus en plus fréquente à partir de 1899[64] : celle de son collègue américain William Z. Ripley et celle de son étudiant et ami Hans F. Helmolt.

Dans un article à vocation de manifeste ( « Geography as a sociological study » ), l’économiste Ripley confirme le poids acquis par Taine dans la discussion scientifique. Il lui attribue en effet une place de choix, puisqu’il ouvre son texte en rappelant : « Human history, says M. Taine, in his introduction to the History of English Literature, may be resolved into three factors – environment, race and epoch »[65]. De façon générale, Ripley ne s’en prend pas à Taine. Le terme de « milieu », généralement traduit environment dans l’article, y sert de concept générique et ne fait pas figure de repoussoir, puisque Ripley clôt son propos en désignant la science de l’environnement qu’il appelle de ses vœux « the study of the milieu »[66]. Plus encore, Ripley note sans hostilité que « l’inclination française au matérialisme offrit une opportunité favorable à la propagation de la doctrine de l’environnement. Elle a été maintenue en vie en anthropologie par Berthillon père et Perier ; en littérature, par Taine et dans l’étude des religions par Renan »[67].

Or, dans le compte rendu qu’il fit de cet article, Ratzel n’utilise jamais le terme de Milieu, mais celui d’Umgebung[68]. Cette notion est celle qu’utilisait Ernst Haeckel pour définir l’Œcologie[69]. Le soutien précoce que Ratzel avait apporté au darwinisme refait ainsi surface : à la terminologie de Taine, il préfère celle de Haeckel. Si Ratzel n’en est finalement pas resté là et a opté pour le concept d’Umwelt, c’est parce qu’il a pris par la suite ses distances avec l’évolution de Haeckel et en particulier le développement du monisme[70]. Il contesta en particulier le raisonnement consistant à faire de la théorie scientifique de l’évolution une « vision du monde » et à prétendre ainsi l’ériger en concurrente de la croyance en Dieu. En un geste kantien, Ratzel limita la connaissance scientifique au monde phénoménal[71].

C’est manifestement par le biais de son ancien élève, Hans F. Helmolt (1865-1929), que Ratzel en vient à employer le concept d’Umwelt. Dans l’Histoire universelle qu’il dirige, et à laquelle Ratzel participe, Helmolt utilise ce concept dans ses préalables méthodologiques. Après avoir critiqué le monisme radical qui ne laisse aucune place à la liberté, il défend une conception de l’histoire qui n’attribue pas tous, mais une part seulement des facteurs explicatifs à l’Umwelt. Helmolt rappelle ce qu’on pense alors être l’origine de ce terme : la traduction allemande de L’esprit dans la nature du Danois H. Ch. Ørsted[72] , ouvrage qui affirmait que le développement de l’esprit humain était le résultat conjoint de l’activité de chaque homme et de l’Umwelt – omverdenen, en danois – tout entier, dont les autres hommes constituaient la plus grande part. Helmolt ne distingue certes pas à proprement parler le sens d’Umwelt de celui de Milieu, mais il semble appeler de ses vœux le remplacement du second terme par le premier et regretter l’influence de Taine sur les sociologues allemands :

« Et encore aujourd’hui, y compris dans les livres allemands, Umwelt n’a pas encore pu entièrement conquérir la place du français “milieu”. Hippolyte Taine, Rümelin ainsi que des sociologues allemands actuels utilisent l’expression de Gruppe pour la partie de la société humaine à laquelle appartient l’individu et à laquelle est soumise son action. »[73] Cette impatience cache, très vraisemblablement, une critique de la théorie tainienne du milieu que Helmolt partage avec son maître. Certes, ni Helmolt ni Ratzel ne s’opposent frontalement au penseur français. Contrairement à ce qui sera le cas chez Uexküll, leur notion d’Umwelt n’est pas définie contre celle de Milieu. Cela s’explique sans doute par le fait que Ratzel a été un membre actif du « cercle positiviste de Leipzig », fréquenté tant par le psychologue W. Wundt, l’historien K. Lamprecht que le chimiste W. Ostwald[74].

Une dizaine d’années plus tard, le monisme a pris de l’ampleur et la volonté de rupture de Uexküll est beaucoup plus grande que celle de Ratzel. S’il corrige ses textes et remplace le concept de Milieu par celui d’Umwelt, ce n’est pas par simple souci d’harmonisation, mais bien par volonté de rompre avec le déterminisme matérialiste véhiculé par la théorie tainienne du milieu. En témoigne un texte plus tardif dans lequel il justifie ses distinctions conceptuelles :

« Mais quand on observe les relations des êtres vivants au monde extérieur, il faut soigneusement distinguer quatre concepts : Umgebung, Wohnwelt, Milieu et Umwelt. [...] L’expression Milieu vient de l’historien Taine. Un mot que nous pourrions traduire par Wohnwelt si son concept n’était pas chargé d’une signification qui le dépasse. La théorie du milieu affirme en effet que chaque sujet vivant est formé par son milieu. Les théoriciens du milieu considèrent comme une chose acquise que chaque homme soit un produit de son milieu. »[75]

Si Uexküll a très vite renoncé à employer le terme de Milieu, c’est bien pour dénoncer la pensée de Taine et l’idée que chaque être vivant est dépourvu de toute finalité et peut intégralement être expliqué par l’influence du milieu 33. Pour une recherche actuelle sur le « naturalisme » de Taine, cf. N. Richard (2004), « Analogies naturalistes : Taine et Renan », Espaces Temps, no 84-85-86, 76-90.</ref>. La notion d’Umwelt, loin d’être son équivalent allemand, est son opposé. Pour le montrer, Uexküll donne l’exemple de l’espace de vie de l’enfant des villes. Pour lui, ce n’est pas la rue de la grande ville qui forme l’âme de l’enfant, mais l’âme de l’enfant des villes qui forme la rue, laquelle devient ainsi un territoire délimité. Ce qui importe aux enfants qui jouent, ce sont les Umwelten qu’ils se construisent eux-mêmes[76]. Le renversement ne saurait être plus radical avec la théorie du milieu[77].

L’histoire du passage du concept de « milieu » à celui d’Umwelt ne se réduit pas à une traduction strictement équivalente. Il apparaît, au contraire, que le concept scientifique d’Umwelt est né dans un contexte fortement polémique. Le poids de la théorie tainienne du milieu était à son comble dans l’Allemagne du début du XXe siècle et suscitait de vives controverses. La réception de cette théorie, associée au développement du monisme, explique que, pour Ratzel et plus encore pour Uexküll, il s’agissait, avec l’Umwelt, de faire pièce à la notion de Milieu. Dans l’article que G. Canguilhem a consacré au « vivant et son milieu », Uexküll est incontestablement une figure positive[78]. Sa théorie de l’Umwelt incarne le retournement de la pensée jusque là dominante relative au rapport entre l’organisme et son milieu. Désormais, le vivant ne serait plus mécaniquement déterminé par le milieu, mais ordonnerait bien au contraire ce dernier, devenu alors : son milieu spécifique. Ce que Canguilhem résume de la façon suivante : « Avec Buffon, Lamarck disait : le temps et les circonstances favorables constituent peu à peu le vivant. Uexküll retourne le rapport et dit : le temps et les circonstances favorables sont relatifs à tels vivants »[79]. Pour Canguilhem, cette théorie est d’autant plus précieuse qu’elle offre un point d’appui scientifique au vitalisme qu’il défend[80].

Mais on trouve aussi dans son article une figure qui joue le rôle de repoussoir : il s’agit précisément de Taine[81]. Pour avoir fortement influencé les néo-lamarckiens, il semble responsable, aux yeux de Canguilhem, du « traitement – de plus en plus déterministe, ou plus précisément mécaniste » – du concept de « milieu »[82]. Dès 1930, dans un discours de remise des prix, G. Canguilhem, qui était alors jeune professeur de philosophie au lycée Chanzy de Charleville, la ville natale de Taine, s’était élevé contre ce dernier, réincarnation moderne, selon lui, des « premiers champions de la race, du milieu et du moment, [les] Protagoras, [les] Gorgias, [les] Calliclès »[83]. Contre « le matérialisme à la fois naïf et grossier qui fut celui de Taine qui se flattait d’expliquer la pensée comme un résidu de réaction chimique », Canguilhem, qui se percevait comme le représentant de Socrate[84] , faisait valoir l’ « indépendance de la pensée »[85]. Préparant plus de quinze années plus tard sa conférence sur le vivant et son milieu, Canguilhem n’a pas changé d’avis. Il relit l’introduction à l’Histoire de la littérature anglaise et note : « La culture est nature. Les faits de culture sont des faits d’existence. Méconnaissance totale des significations et des valeurs. Naturalisation des activités humaines signifiantes. »[86] L’effort de Canguilhem pour lutter contre toute forme de naturalisme réducteur et pour redéfinir de façon vitaliste la notion de « milieu » ne semble donc pas rencontrer le travail de Uexküll par hasard. Bien que le philosophe français n’en ait manifestement pas eu conscience, tous deux partageaient un même ennemi : l’appréhension tainienne, par trop déterministe, de la notion de « milieu ». Ce commun rejet cachait toutefois des positions politiques radicalement opposées : là où, pour Uexküll, la notion de « milieu » était irrémédiablement associée à la pensée démocratique qu’il critiqua toute sa vie au point de s’accommoder, voire de soutenir le régime national-socialiste, Canguilhem en faisait au contraire le symbole d’une pensée de l’héritage[87] incompatible avec les idéaux démocratiques qu’il défendit en prenant le maquis.

Wolf FEUERHAHN,

CNRS, Paris.

____
  1. G. Canguilhem (1965), « Le vivant et son milieu », La connaissance de la vie, Paris, Vrin, 129-154. Cet article s’inscrit dans un projet plus vaste que j’ai engagé sur l’histoire et l’épistémologie de l’éthologie qui comporte un volet sur l’appropriation par les philosophes de la pensée de Jakob von Uexküll. Je ne mentionne ici la réception de la théorie de Uexküll par Canguilhem que parce qu’elle éclaire le sens du passage du concept de milieu à celui d’Umwelt.
  2. B. Cassin (éd.) (2004), Vocabulaire européen des philosophies : dictionnaire des intraduisibles, Paris, Le Robert - Le Seuil, XVII-XVIII.
  3. G. Canguilhem, 19652, 143-146.
  4. Ibid., 141.
  5. Ibid., 143.
  6. G. H. Müller. (2001), « Umwelt », in Ritter et al. (hrsg.), Historisches Wörterbuch der Philosophie, 11, col. 99-105.
  7. Sur l’apparition de la notion d’Umwelt en allemand : cf. J. Stosch (19051906), « Umwelt-milieu », Zeitschrift für die deutsche Wortforschung, 7, 58-59 ; A. Gombert (1905-1906), « Umwelt », op. cit., 150-152 ; L. L. Albertsen (1965), « Umwelt », Zeitschrift für deutsche Sprache, 21, 115-118. Ces articles se focalisent sur la date d’apparition du terme d’Umwelt en allemand. Les deux premiers, qui évoquent brièvement celui de Milieu, le font pour souligner par contraste l’ancienneté du concept d’Umwelt et rejeter ce néologisme emprunté au français.
  8. F. Ratzel (18992), Anthropogeographie. Erster Teil : Grundzüge der Anwendung der Erdkunde auf die Geschichte, Stuttgart, J. Engelhorn.
  9. J. von Uexküll (1907), « Die Umrisse einer kommenden Weltanschauung », Die neue Rundschau, 18, 641-661.
  10. Uexküll utilise certes dans ce texte le terme d’Umwelt, mais en un sens qui n’est pas technique et seulement à deux reprises (op. cit., 651).
  11. Comparer : J. von Uexküll, 1907, 649, et J. von Uexküll (1913), Bausteine zu einer biologischen Weltanschauung. Gesammelte Aufsätze, F. Gross (hrsg.), München, F. Bruckmann A-G., 136, et J. von Uexküll, 1907, 651, et J. von Uexküll, 1913, 139. Cf. K. Kull (2001), la bibliographie qui suit son article « Jakob von Uexküll : An introduction », Semiotica, 134-1/4, 20 et 22.
  12. J. von Uexküll (1909), Umwelt und Innenwelt der Tiere, Berlin, J. Springer ; Id., (1910), « Die Umwelt », Die neue Rundschau, 21 (2), 638-648. Revue philosophique, no 4/2009, p. 419 à p. 438
  13. Fondée en 1890 par le critique théâtral Otto Brahm et l’éditeur Samuel Fischer, la revue Die neue Rundschau (qui existe toujours) était au début du XXe siècle une tribune pour les défenseurs de la littérature moderne.
  14. J. von Uexküll, 1907, 647.
  15. Ernst Haeckel (1899), Die Welträthsel. Gemeinverständliche Studien über monistische Philosophie, Bonn, Verlag von Emil Strauss.
  16. E. Haeckel (18932), Der Monismus als Band zwischen Wissenschaft und Religion. Glaubensbekenntnis eines Naturforschers, Bonn, Verlag von Emil Strauss.
  17. H. Hillermann (1976), « Zur Begriffsgeschichte von “Monismus” », Archiv für Begriffsgeschichte, XX, 231-234.
  18. E. Troeltsch (1901), « Rez. von Richard Hönigswald : Ernst Haeckel, der monistische Philosoph », Die Christliche Welt, 43, col. 1020-1021 (republié in Ernst Troeltsch. Kritische Gesamtausgabe, Bd. 4, 2004, Berlin-New York, Walter de Gruyter, 164-165).
  19. J. von Uexküll, 1907, 641. 5. Ibid., 1907, 644.
  20. Ibid., 644. Uexküll restera toute sa vie un adversaire acharné du darwinisme. Il n’est donc pas possible d’affirmer, avec Alain Berthoz : « Von Uexküll has also placed his theory in the perspective of evolution. He thinks that the selection of relevant information made by each species is aimed at the survival of the normal individual in the interest of the prolongation of the species itself » (A. Berthoz (2009), « The human brain “projects” upon the world, simplifying principles and rules for perception », in A. Berthoz, Y. Christen (eds), Neurobiology of « Umwelt ». How Living Beings perceive the World, Springer, 18.
  21. J. von Uexküll, 1907, 644-645.
  22. Ibid., 646.
  23. Personnel: "éducation" : classe moyenne éduquée. En tant que citoyen éduqué ou citoyen éduqué, une couche sociétale influente est identifiée qui considère l'éducation humaniste, la littérature, la science et l'engagement dans l'état et la communauté très important. Vers le milieu du dix-huitième siècle, la citoyenneté éducative européenne était principalement parmi les professeurs, les médecins, les marchands riches et les hauts fonctionnaires. En tant que citoyens éduqués modernes, l'écrivain Thomas Mann ou la famille Weizsäcker sont parfois soulignés. En fait, la citoyenneté éducative et la bourgeoisie sont avant tout un effet secondaire dérogatoire, dirigé contre des personnes excessivement culturellement intéressées et éduquées, ou contre une idéologie éducative unilatérale sans influence politique et économique, comme c'était le cas en Allemagne aux 18ème et 19ème siècles.
  24. Ibid., 647.
  25. Sur les notions de Bildung et de Bildungsbürgertum, voir notamment : R. Vierhaus (1972), « Bildung », in O. Brunner, W. Conze, R. Koselleck (dir.), Geschichtliche Grundbegriffe, Stuttgart, t. 1, 508-551 ; M. Espagne (2004), « Bildung », in B. Cassin (éd.), Vocabulaire européen des philosophies : dictionnaire des intraduisibles, Paris, Le Seuil - Le Robert, 195-205 ; C. Charle (2007), « Bildungsbürgertum (bourgeoisie cultivée) », in E. Décultot, M. Espagne, J. Le Rider (éd.), Dictionnaire du monde germanique, Paris, Bayard, 132-135.
  26. F. K. Ringer (19902), The Decline of the German Mandarins. The German Academic Community, 1890-1933, Hanover-London, Wesleyan University Press, 106-108.
  27. Ladenburg est célèbre pour avoir provoqué une vive controverse à la suite de son discours « Sur l’influence des sciences de la nature sur la vision du monde », véritable plaidoyer pour le matérialisme, prononcé en 1903 au cours d’une réunion plénière de cette association (cf. W. Ostwald (2003), Lebenslinien. Eine Selbstbiographie, Verlag der Sächsischen Akademie der Wissenschaften zu Leipzig, S. Hirzel, Stuttgart-Leipzig, 480).
  28. J. von Uexküll, 1907, 647.
  29. Cf. Ostwald, 2003, 492 ; A. Harrington (1996), Reenchanted Science : Holism in German Culture from Guillaume II to Hitler, Princeton, Princeton University Press, 34-71. J’aurais tendance à penser, comme A. Harrington, que c’est son aristocratisme – Uexküll était baron – qui l’a empêché d’adhérer sans réserve au national-socialisme (230). Sur les liens de Uexküll au nationalsocialisme et sur son antisémitisme, je renvoie également au chapitre du livre de A. Harrington consacré à Uexküll. T. Rüting (2004), « History and significance of J. von Uexküll », Sign, System Studies, 32, 1/2, reprend, pour l’essentiel, les analyses de A. Harrington sur les positions politiques de Uexküll.
  30. 51. von Uexküll, 1907, 647. On retrouve cette défense de l’idéalisme dans un autre article de Uexküll (« Wohin führt uns der Monismus ? », Das neue Deutschland, no 1-2, 1913, 641-645), dans lequel il accuse Haeckel et Ostwald de promouvoir une religion moniste fondée sur une aberration scientifique : la réduction de toute réalité à des processus physiques. Il érige au contraire sa conception de la biologie en contre-pied radical du monisme et en défense de la culture idéaliste de l’humanité.
  31. von Uexküll, 1907, 649.
  32. : « Diesen Ausschnitt der Aussenwelt, der für jedes Tier ein anderer ihm eigentümlicher ist, nennt man sein Milieu. »
  33. von Uexküll, 1907, 650.
  34. Ibid., 651.
  35. Ibid., 651.
  36. Ibid., 652.
  37. Ibid., 653.
  38. Cf. J. von Uexküll, 1907, 654.
  39. Ibid., 661.
  40. Ibid., 659 ; J. von Uexküll (1910), « Die Umwelt », Die neue Rundschau, 21 (2), 644.
  41. J. von Uexküll (1912), « Die Merkwelten der Tiere », Deutsche Revue, no 37, 352 : « Ich habe es versucht, für diese Welt, die das Produkt des Organismus ist, das Wort “Umwelt” einzuführen. Das Wort hat sich schnell eingebürgert – der Begriff aber nicht. Es wird jetzt das Wort “Umwelt” für die spezielle Umgebung eines Lebewesens in dem gleichen Sinne wie früher das Wort “Milieu” angewendet. Dadurch ist ihm sein eigentlicher Sinn verloren gegangen. »
  42. J. von Uexküll, 1912, 352 : « Ich will daher an seiner Stelle das Wort “Merkwelt” setzen und damit andeuten, dass es für jedes Tier eine besondere Welt gibt, die sich aus den von ihm aufgenommenen Merkmalen der Aussenwelt zusammensetzt. »
  43. J. von Uexküll, 1912, 352.
  44. Ibid.
  45. Cf. plus haut, n. 4, p. 421.
  46. F. Ratzel (1882), Anthropo-Geographie oder Grundzüge der Anwendung der Erdkunde auf die Geschichte, Stuttgart, J. Engelhorn.
  47. F. Ratzel, 1882, 21.
  48. Sur l’influence en retour de Ratzel sur la géographie française de Paul Vidal de la Blache, cf. M.-C. Robic (1992), « Géographie et écologie végétale : le tournant de la Belle Époque », in M.-C. Robic (dir.), Du milieu à l’environnement. Pratiques et représentations du rapport homme/nature depuis la Renaissance, Paris, Economica, 153-156.
  49. F. Ratzel (18992), Anthropogeographie. Erster Teil : Grundzüge der Anwendung der Erdkunde auf die Geschichte, Stuttgart, J. Engelhorn, 25-31.
  50. J.-F. Braunstein (1997), « Le concept de milieu, de Lamarck à Comte et aux positivismes », in L. Goulven (dir.), Jean-Baptiste Lamarck, 1744-1829, Paris, Éd. du CTHS, 557-571.
  51. F. Ratzel, 18992, 25.
  52. Ibid., 27 : « Die Comte-Tainesche Theorie des Milieu. »
  53. F. Ratzel, 18992, 25.
  54. Ibid., 27.
  55. Ibid., 108, n. 14 : Ratzel cite la version française du texte (sans doute la deuxième édition de 1866 comme l’indique la pagination – ici p. XXVI).
  56. H. Taine (18662), Histoire de la littérature anglaise, Paris, Hachette, t. I, préface, XXVI-XXVII ; cité in F. Ratzel, 18992, 28.
  57. Cela permet de nuancer l’analyse de G. Canguilhem qui inscrit Ratzel et Taine dans une même lignée (G. Canguilhem, 19652, 139).
  58. Cf. O. Ladendorf (1968 ; reprint de 1906), Historisches Schlagwörterbuch, Hildesheim, Georg Olms, 204-205 ; O. Basler (1942), Deutsches Fremdwörterbuch, Berlin, W. de Gruyter & Co, 2. Bd, 111. L’écho de la compréhension tainienne de la notion de « milieu » se fait ressentir encore loin dans le XXe siècle comme en témoigne l’article de L. Spitzer (1942-1943), « Milieu and ambiance : An essay in historical semantics », Philosophy and Phenomenological Research, 3, 1942-1943, 169.
  59. H. Taine (1866), Philosophie der Kunst, Leipzig, Jung-Treuttel.
  60. H. Taine (1865), Philosophie de l’art, Paris, Germer Baillière, 17, 88 sq.
  61. Les principales traductions sont les suivantes : H. Taine (1877-1893), Die Entstehung des modernen Frankreich, trad. par Leopold Katscher, Leipzig, Lindner ; Id. (1878-1880), Geschichte der englischen Literatur, Bd 1 : Die Anfänge und die Renaissance-Zeit der englischen Literatur, trad. par Leopold Katscher, 1878 ; Bd. 2 : Das klassische Zeitalter der englischen Literatur, trad. par Gustav Gerth, Leipzig, Ernst Julius Günther (Druck von Bär und Hermann, Leipzig), 1878 ; Bd. 3 : Die Neuzeit der englischen Literatur, trad. par Gustav Gerth, Leipzig, Ernst Julius Günther (Druck von Bär und Hermann, Leipzig), 1880 ; Id. (1878), Eine Reise in den Pyrenäen, Stuttgart, Auerbach ; Id. (1880), Der Verstand, 2 Bde, trad par Leonhard Siegfried, Bonn, Strauss ; Id. (1898), Studien zur Kritik und Geschichte, trad. par Paul Kühn et Anathon Aall mit einem Vorwort von Georg Brandes, Paris-LeipzigMünchen, A. Langen. La Philosophie de l’art connaîtra même une seconde traduction complète en deux volumes en 1902-1903 : H. Taine (1902-1903), Philosophie der Kunst, trad. par Ernst Hardt, Leipzig, Eugen Diederichs, 2 Bände.
  62. Taine était d’ailleurs perçu en Allemagne comme celui qui, le premier, avait appliqué la théorie du milieu aux productions littéraires (cf. E. Bahr (1988), Geschichte der deutschen Literatur, Bd. 3, Tübingen, UTB Francke, 106).
  63. Nietzsche, 13, 324 (1885) : « Jetzt – ist die Theorie des Milieu’s am bequemsten : Alles übt Einfluss, das Resultat ist der Mensch selber » ; cité in O. Ladendorf (1968, reprint de 1906), Historisches Schlagwörterbuch, Hildesheim, Georg Olms, 205.22
  64. Cf. G. H. Müller (1996), Friedrich Ratzel (1844-1904) : Naturwissenschaftler, Geograph, Gelehrter, Stuttgart, GNT Verlag, 149-152.
  65. W. Z. Ripley (1895), « Geography as a sociological study », Political Science Quarterly, vol. X, number 4, december 1895, 636.
  66. W. Z. Ripley, 1895, 654.
  67. Ibid., 641.
  68. F. Ratzel (1896), « 350. Ripley, William Z. : Geography as a Sociological Study. (Political Science Quarterly 1895, Nr. 4, S. 636-655) », Geographischer Literaturbericht für 1896 unter Mitwirkung mehrerer Fachmänner herausgegeben von Alexander Supan, Beilage zum 42. Bd von Dr A. Petermanns Mitteilungen aus Justus Perthes’geographischer Anstalt, Gotha, Justus Perthes, 77-78.
  69. E. Haeckel (1870), « Über Entwickelungsgang und Aufgabe der Zoologie », Jenaische Zeitschrift für Naturwissenschaft, 365. Dans sa Generelle Morphologie der Organismen, Berlin, Reimer, publiée en 1866, Haeckel employait l’expression très proche de umgebende Aussenwelt (286) de même que dans sa Natürliche Schöpfungsgeschichte de 1868 (539). On trouve une reprise de ces textes dans P. Acot (ed.) (1998), The European Origins of Scientific Ecology, Amsterdam, Éd. des Archives contemporaines - Gordon & Breach Publishers (cf. 782, 703, 726).
  70. G. H. Müller, 1996, 39-42.
  71. F. Ratzel (1902), « Weltentwicklung und Weltschöpfung », Die Grenzboten. Zeitschrift für Politik, Litteratur und Kunst, 61. Jahrgang, Nr 24, 580.
  72. H. Ch. Ørsted (1854), Der Geist in der Natur, I, trad. en all. par G. F. von Jenssen-Tusch, 209 sq. ; cité in H. F. Helmolt (hrsg.) (1899), Weltgeschichte, I, Leipzig-Wien, Verlag des Bibliographischen Instituts, 14.
  73. H. F. Helmolt (hrsg.) 1899, 14.
  74. Cf. R. Chickering (1997), « Das Leipziger “Positivisten-Kränzchen” um die Jahrhundertwende », in G. Hübinger, R. vom Bruch, F. W. Graf, Kultur und Kulturwissenschaften um 1900 II : Idealismus und Positivismus, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 227-245 ; M. Espagne (2004), « Völkerpsychologie et anthropogéographie : le cas de Leipzig », in C. Trautmann-Waller (éd.), Quand Berlin pensait les peuples. Anthropologie, ethnologie et psychologie (1850-1890), Paris, CNRS Éd., 185-196.
  75. J. von Uexküll (1936), « Biologie in der Mausefalle », Zeitschrift für die gesamte Naturwissenschaft, 2 (6), 213. Ce fait est mentionné par Urmas Sutrop (U. Sutrop (2001), « Umwelt. Word and concept : Two hundreds years of semantic change », Semiotica, vol. 134-1/4, 2001, 456. Florian Mildenberger, quant à lui, note (op. cit., 83) certes que le terme d’Umwelt a remplacé le concept de « milieu », mais sans faire référence à ce texte ni mentionner l’origine tainienne du concept de « milieu ». J.-P. Chien concentre son analyse sur les échanges jusqu’à l’époque de Taine et ne mentionne pas que le terme uexküllien d’Umwelt est forgé contre celui, tainien, de « milieu » (J.-P. Chien (2007), « Umwelt, milieu(x), and environment. A survey of cross-cultural concept mutations », Semiotica, 167-1/4, 65-89). Ces précisions n’enlèvent, bien entendu, rien à l’intérêt de ces deux dernières publications.
  76. J. von Uexküll, 1936, 213-214.
  77. Il est une raison conjoncturelle qui conduit manifestement Uexküll à rappeler, précisément en 1936, son opposition à la théorie du milieu, une raison qui manifeste son opportunisme politique. À cette époque, Taine est quelque peu oublié et, lorsqu’il est question de « théorie du milieu » dans l’Allemagne nazie, l’on pense bien plus aux explications marxistes. Souligner la différence entre théorie de l’Umwelt et théorie du milieu est donc pour Uexküll un moyen de se prémunir de toute accusation de « bolchevisme » de la part des autorités nazies. En témoigne un document retrouvé par Anne Harrington. Il s’agit d’un rapport sur l’Institut für Umweltforschung que dirigeait Uexküll à Hambourg. Deuchler, l’auteur de ce rapport du 16 mars 1936, dédouane Uexküll d’une assimilation entre théorie de l’Umwelt et théorie du milieu : « La “recherche sur l’Umwelt” ne s’oppose en aucune façon à la manière que la génétique a d’envisager les choses [...] ; par contre, ses fondements philosophiques et ceux relevant de sa vision du monde s’opposent strictement à ceux de la théorie du milieu. M. von Uexküll a tout à fait raison lorsqu’il met en évidence que la manière de penser propre aux théories du milieu relève de la manière bolchéviste de voir le monde, alors que la manière de penser propre à la recherche sur l’Umwelt relève de la manière nationale-socialiste de voir le monde » (Deuchler « Gutachten über das Institut für Umweltforschung », 16.03.1936, Akte : Uexküll und Institut für Umweltforschung, Bd. II, HSA ; cf. A. Harrington, 1996, 69-70, 235).
  78. Les archives Georges-Canguilhem déposées au CAPHES (Centre d’archives, de philosophie, d’histoire et d’édition des sciences – UMS 2267) contiennent quelques notes prises par ce dernier à la lecture de Streifzüge durch die Umwelten von Tieren und Menschen publié par Uexküll chez Springer en 1934 (G C 12.1.8., feuillets 95-96). Ces notes ont été prises en 1946-1947 en vue de la préparation de la conférence prononcée au Collège philosophique de Jean Wahl, conférence dont la version publiée en 1952 sera intitulée : « Le vivant et son milieu ». On trouve dans ce même dossier (G C 12.1.8., feuillets 67-76) la version écrite de la conférence qui ne diffère que légèrement du texte publié. Je profite de cette note pour remercier vivement Nathalie Queyroux, responsable du Centre documentaire du CAPHES, pour son accueil et son aide précieuse dans mes recherches.
  79. G. Canguilhem, 19652, 145.
  80. Sur le caractère premier de la philosophie chez Canguilhem, cf. D. Lecourt (2008), Georges Canguilhem, Paris, PUF, 29-31.
  81. G. Canguilhem, 19652, 130, 139.
  82. G. Canguilhem, 19652, 139. Sur la différence entre le « vitalisme nu » de Lamarck et le « mécanisme » des néo-lamarckiens français : cf. G. Canguilhem, 19652, 136.
  83. G. Canguilhem, 1930, 6-7.
  84. Canguilhem nomme son discours « le quart d’heure de Socrate », in G. Canguilhem (1930), « Discours prononcé par G. Canguilhem à la distribution des prix du lycée de Charleville le 12 juillet 1930 », Charleville, Typographie et Lithographie P. Anciaux, 3. Mon attention a été attirée sur ce texte par les remarques de D. Lecourt, in D. Lecourt, 2008, 18. J.-F. Braunstein renvoyait déjà à ce texte dans J.-F. Braunstein (2007), « Psychologie et milieu. Éthique et histoire des sciences chez Georges Canguilhem », in Id. (dir.), Canguilhem. Histoire des sciences et politique du vivant, Paris, PUF, 68-69. Cet article montre, de façon très convaincante, la permanence de la critique de la théorie déterministe du milieu dans l’œuvre de Canguilhem et la dimension éthique qu’elle y acquiert. Il mentionne également la référence à Taine dans la conférence tardive (1980) de Canguilhem intitulée « Le cerveau et la pensée » (cf. J.-F. Braunstein, 2007, 79).
  85. G. Canguilhem, 1930, 6.
  86. Archives G.-Canguilhem déposées au CAPHES : G C 12.1.8., feuillet 92.
  87. G. Canguilhem, 1930, 4.